Condamnation de Rolex France annoncé par l’Autorité de la concurrence dans un communiqué le mardi 19 décembre 2023. Une lourde sanction : une amende de 91,6 millions d’euros pour avoir interdit à ses distributeurs officiels pendant plus de dix ans, d’exercer la vente en ligne des produits de la marque.
Les restrictions imposées par Rolex France
L’Autorité de la concurrence sanctionne la filiale française de la marque Rolex, solidairement avec la société Rolex Holding SA, la fondation Hans Wilsdorf et la société Rolex SA, pour avoir interdit à ses distributeurs de vendre des montres Rolex en ligne. L’amende de 91,6 millions d’euros est assortie à une injonction de communication et de publication. Selon le communiqué, l’autorité « considère que les stipulations du contrat de distribution sélective liant Rolex France à ses distributeurs caractérisent une entente verticale restrictive de concurrence. ». Une technique jugée comme une entrave à la vente, qui ferme totalement la voie à la vente en ligne.
Une dénonciation des conditions de distribution
L’Union de la Bijouterie Horlogerie et l’entreprise marseillaise Pellegrin & Fils ont saisi l’Autorité de la concurrence pour dénoncer le comportement de Rolex concernant les conditions de distribution de ses produits. En 2013, le joaillier français a été exclu des distributeurs agrées de la marque Rolex.
Une lutte contre la contrefaçon Rolex
La défense de la part de Rolex France pour justifier cette interdiction de vente en ligne, a été de souligner la protection contre la contrefaçon et le maintien de l’image de luxe de la marque. Des arguments rejetés par l’Autorité, jugeant l’interdiction totale disproportionnée. Elle ajoute que les principales marques concurrentes de Rolex, qui font face aux mêmes dangers, autorisent la vente en ligne à ses distributeurs, sous certaines conditions.
L’interdiction des ventes en ligne par des distributeurs agréés reste en Europe une restriction caractérisée qui ne peut être exemptée, même au motif de la lutte contre la contrefaçon
Emmanuel Combe, ancien vice-président de l’Autorité de la concurrence, sur X (anciennement Twitter)
Le prix de revente imposé aux distributeurs Rolex a également été dénoncé. L’Autorité a estimé que les éléments du dossier ne pouvaient pas démontrer que Rolex France utilisait ce genre de méthode, et a donc prononcé un non-lieu pour ce second grief.
Un sentiment de déjà-vu
Une condamnation similaire a été prononcée le 11 décembre dernier, à l’encontre du groupe Mariage Frères (producteur de thés haut de gamme). Suite à un rapport d’enquête transmis par la DGCCRF, l’Autorité de la concurrence sanctionne à hauteur de 4 millions d’euros le groupe français. Mariage Frères interdisait la vente en ligne de leurs produits à ses distributeurs, mais aussi la revente des produits du groupe à d’autres revendeurs.
L’Autorité de la concurrence affiche un total de 467,9 millions d’euros d’amendes infligées en 2022. Le record de l’amende la plus lourde est détenu par Apple en 2020, avec un montant de plus de 1,2 milliard d’euros (371,6 millions après appel), relative à plusieurs pratiques mises en œuvre dans la distribution des produits de la marque Apple.